L'affaire Serena Williams

par Marguerite Tilly

Chère Serena,

Je vous écris à la suite de l’outrage que vous avez porté au monde du tennis en osant porter cette combinaison noire qui épousait parfaitement vos formes. Quelles qu’aient été vos intentions mal placées, je ne peux tolérer être perturbé par le corps mis en valeur d’une joueuse alors que je regarde un tournoi de tennis. Tranquillement affalé sur mon canapé, ma bière posée sur ma bedaine et mes chips posées à côté de moi, vous m’avez empêché de me concentrer, voyez-vous je ne peux vous concevoir que comme objet sexuel.

Vous ne serez toujours à mes yeux que débutante et non expérimentée, qu’une amatrice et non une professionnelle. Cela s’avère être vrai pour vous mais aussi pour toutes vos collègues sportives féminines. Notre cher ex-ministre des sports, David Douillet, proclamait en 1998 " Pour moi, une femme qui se bat au judo ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer ". Eh bien je partage l’avis de mon cher David. Restez chez vous Serena et incitez vos compères à faire de même.

Certes les joueurs du XV de France empochent 38 000€ en participant au Tournoi des six Nations contre 3500€ pour les femmes pour la même compétition, certes l’équipe de France de football féminine est chaque année dans le top 5 mondial mais encore très peu de matchs sont retransmis sur les grandes chaines nationales malgré les améliorations récentes, certes les femmes ne représentent que 12,5% des présidents de fédérations, certes les cameramen et réalisateurs dans les stades montrent uniquement les jeunes femmes supportrices au « physique agréable » lors des matchs quand il s’agit de filmer le public, certes 49% des jeunes filles âgées de 14 à 20 ans abandonnent leur pratique sportive durant leur adolescence contre 30% pour les garçons puisqu’elles sont souvent peu soutenues ou critiquées ; mais tout de même Serena, très honnêtement, cette idée de sexisme est infondée !

Alors arrêtez donc avec vos plaintes et vos revendications multiples qui m’épuisent. Emportées par une fougue inutile de contestations, vous oubliez trop souvent que vos prouesses sportives ne peuvent être que plus faibles que celles des hommes et que, si vous êtes ici, ce n’est que grâce à vos coachs masculins ou vos maris (trop) permissifs. Concentrez-vous sur des choses plus importantes et dites à vos acolytes du rugby et des sports de combat d’exercer des sports plus féminins. Comptez sur moi pour vous remettre à votre place auxiliaire dès qu’il le faudra.

Machisment vôtre,

Un homme inquiet pour sa virilité.